Le temps des fêtes 2020 aura certainement apporté un degré d’inconfort à bon nombre d’entre nous. Pour ma blonde et moi, une autre tempête bouleversante allait traverser nos vies au même moment.
Des complications propres aux jumeaux ont fait que nous avons dû tenter des procédures assez intenses pour sauver nos petites, alors que nous entamions la 18e semaine de grossesse. Nous avions de bonnes chances d’en sauver une, et quand même des chances considérables de sauver les deux. Mais au final, après choix et tentatives, nous sommes tombés dans les faibles statistiques où la mort s’est montrée gourmande et elle nous a pris nos deux petits trésors avant même de pouvoir les rencontrer.
Nous avons passé les fêtes 2020 à l'Hôpital Sainte-Justine. À notre départ, j’ai été surpris de découvrir que le docteur m’avait laissé un papier pour un mois d’arrêt. Avec le recul, je suis forcé de constater que malgré toute l’émotion que je vivais, le travail restait très présent à mon esprit. Je n’avais pas vraiment de “backup” au travail pour le poste que j’occupais et c’est mon supérieur immédiat qui me remplaçait depuis les congés que j’ai dû prendre d’urgence.
Le fait que l’on m’offre cette option, le droit de me déposer pour vivre ma peine avec ma conjointe, a complètement changé ma perspective. Ça m’a permis de comprendre qu’il y a des moments clés dans la vie où prendre un temps d’arrêt, un vrai temps pour soi est la bonne chose à faire.
Je ne sais pas si le billet qu’il m’a laissé est la procédure standard dans un cas comme nous l’avons vécu mais je ne peux que remercier silencieusement le médecin qui a pris cette initiative. J’ai appris de cette façon que la décision d’arrêter ne devrait surtout pas uniquement incomber à la personne mais que les professionnels de la santé peuvent être là pour nous donner un sacré bon coup de main dans notre réflexion.
Le deuil périnatal est une expérience éprouvante. Grugé par la tristesse et la douleur, il est difficile, voir impossible de puiser l’énergie nécessaire à la vie quotidienne. On a bien sûr des moments où on se sent ok mais cette joie est précaire, la tristesse envahit rapidement l’esprit.
À travers cet espèce de brouillard émotif, j’ai été chanceux de pouvoir prendre le temps de panser mes plaies et récupérer, tout en étant le meilleur conjoint que je puisse être à travers une épreuve du genre.
Ce fut également un moment pour évaluer ma situation actuelle et mes objectifs à moyen terme. À l’approche de la mi-grossesse de nos jumelles, nous avions une vision assez concrète des prochains mois et nous allions devoir penser à comment nous allions restructurer tout ça.
Deux mois après le décès de nos bébés, je me sens encore fragile. J’ai repris le travail et je suis content d’avoir pris des décisions qui ont un peu transformé cet aspect de ma vie, mais ça c’est une autre histoire!
À suivre!